“Pour faire avancer les droits de la personne, il est indispensable de travailler en réseau…”
Lien de l’article : http://dahlir03.fr/zoom-sur/lanef-63-antenne-de-vichy/
Aider les personnes à passer le cap de leurs difficultés, tout en renforçant leurs capacités à s’insérer…Telle est l’ambition de l’association ANEF 63. L’antenne de Vichy déploie son action sur l’ensemble du territoire en s’appuyant sur un tissu partenarial dynamique. Rencontre avec Sophie Berteloot Awade, Chef de service ADJ, ALT, CHRS, LHSS, SASPP.
“L’antenne de Vichy s’articule autour de deux pôles :
Le pôle “Hébergement et Insertion” des personnes
Au travers duquel nous accompagnons les personnes afin de renforcer leurs capacités à s’insérer à s’orienter vers le logement ordinaire.
Nous proposons vingt-huit places d’hébergement, au sein du C.H.R.S “Insertion” (Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale), destinées aux personnes en grande difficulté sociale ainsi que cinq places (sept en période hivernale) pour l’hébergement d’urgence. Sur l’urgence, ces personnes sont orientées par le 115, sans conditions, pour la nuit en fonction des places disponibles.
Nous accueillons également 24h/24 sur une chambre dédiée, les femmes et hommes victimes de violence conjugale, également en fonction de la place disponible.
Sur le CHRS, notre équipe est composée de cinq éducateurs spécialisés, une chef de service, une animatrice sociale, trois surveillants de nuit, une secrétaire ainsi qu’une psychologue et un assistant social sur certains créneaux. Nous proposons un accompagnement social global aux personnes accueillies.
Elles ont constitué au préalable un dossier avec l’aide d’un travailleur social, puis sont orientées par le SAIO en fonction du lieu où la personne souhaite aller. Nous étudions ensuite la demande en interne afin de savoir si nous pouvons proposer à la personne un hébergement et un accompagnement adapté.
Adossé au CHRS, nous proposons un accompagnement Accueil de Jour. Un assistant social et une psychologue reçoivent les personnes accueillies en CHRS Urgence (Abri de nuit) afin d’évaluer leurs besoins et proposer un accompagnement et une éventuelle orientation en conséquence.
Enfin, les logements temporaires « ALT » accueillent des personnes et familles, davantage autonomes. L’hébergement est limité à six mois. Il s’agit d’un tremplin qui leur permet d’accéder par la suite à un logement autonome ou une solution d’hébergement adaptée à leurs attentes.
Un projet d’ouverture d’une Maison Relais devrait voir le jour sur la commune de Cusset fin 2019.
Afin d’offrir une prise en charge globale sur le volet sanitaire et social, nous avons développé un pôle Santé, décliné en deux services.
Les Lits Halte Soins Santé (L.H.S.S) : ce service intervient à partir du moment où une personne sans domicile fixe a besoin de soins « au domicile », sans nécessité de prise en charge hospitalière ou spécialisée. Une psychologue, un médecin, une infirmière, une conseillère en économie sociale et familiale accueillent et accompagnent la personne afin de lui prodiguer les soins nécessaires, lui permettre l’accès à ses droits et l’accès à une solution de logement ou d’hébergement pérenne.
Le Service d’Accueil et de Santé Publique de Proximité : (S.A.S.P.P) a mutualisé ses moyens et compétences depuis novembre 2016 avec ceux du service vaccination du CCAS de la Ville de Vichy et du Centre Hospitalier (service PASS). Ensemble, ces trois structures ont créé le Pôle de Santé Publique, qui propose, sur un lieu unique, une prise en charge globale et à un accès aux soins pour les personnes en situation de précarité, grâce à son équipe pluridisciplinaire.
Mutualiser les compétences pour une prise en charge globale
“En tant que Chef de service, mon rôle est aussi d’appuyer des activités et initiatives qui permettent de combler des besoins insuffisamment pris en compte pour les personnes en situation de précarité. Le Pôle de Santé Publique en est un exemple concret : il propose une offre de service global.
Tout comme j’appuie des projets tels que “T’es Cap!” qui propose des ateliers destinés à faire valoir les ressources et points forts des personnes accueillies. Chacun des membres de l’équipe de l’ANEF, en fonction de ses compétences, ses savoirs, propose ainsi des ateliers d’expression, de créativité, de prévention….
C’est très riche pour la prise en charge des personnes afin qu’elles retrouvent de la confiance, de l’estime de soi.
Selon moi, il est nécessaire de pouvoir s’appuyer sur un travail en réseau sinon il serait compliqué de faire avancer les droits des personnes, que ce soit en termes de santé, d’insertion professionnelle… Nous avons la chance de pouvoir compter sur un tissu partenarial proche et dynamique, avec lequel nous travaillons depuis un certain temps.
Les travailleurs sociaux de l’ANEF ont aussi l’occasion d’échanger avec les partenaires de terrain sur des problématiques communes mais aussi des situations particulières. Ces partenariats sont importants pour développer nos pratiques.
C’est d’ailleurs peut-être l’une des spécificités du territoire de Vichy : cette capacité à pouvoir développer des partenariats intersectoriels en faveur de la personne.
Il est assez rare que trois employeurs structures aux statuts différents (une association, une collectivité territoriale, un centre hospitalier) s’associent pour proposer une prise en charge globale des problématiques sociales mais aussi sanitaires, comme c’est le cas du Pôle de Santé Publique. Cela permet de proposer un accompagnement adapté à la personne.
L’activité physique régulière : un déclic pour passer à l’action
“Le partenariat avec le DAHLIR a été initié dès 2014 au travers de l’organisation de séances communes d’activités physiques. Un éducateur sportif du DAHLIR proposait chaque semaine au sein de l’ANEF une séance d’activité physique aux hébergés. Il assurait le relai avec l’animateur social de l’ANEF.
Nous avons remarqué qu’au travers de ces séances, les participants révélaient des ressources que les travailleurs sociaux n’avaient pas forcément détectées jusqu’alors. La participation de l’animateur social aux séances permettait aussi de changer le regard des participants. C’était très positif.
La convention multipartenariale développée en 2017 avec le DAHLIR, l’ANEF, le CADA, le CCAS de Vichy, le Centre Hospitalier de Vichy, le CREPS, la DDCSPP, permet de proposer à notre public deux séances d’activités physiques par semaine, au CREPS de Vichy.
Cela met en jeu des ressources en amont comme la mobilité…mais aussi la motivation, l’envie de se lever le matin.
C’est parfois compliqué. Il faut que la personne franchisse ce cap. Une fois réalisé, il lui faudra apprendre à respecter les règles, les participants, la persévérance.
Ce déclic peut permettre de déclencher une dynamique chez la personne.
Il n’est pas toujours systématique ou direct et nécessite souvent du temps. Mais c’est un vecteur très positif pour la personne qui se sent capable et a davantage confiance en elle.”