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L’ANEF 63 EN PERSONNES | Rencontre avec Nassime, Assistant social à l’ANEF 63

Destiné à devenir professeur d’histoire, il a choisi le travail social et l’entraide !

Rencontre avec Nassime, assistant social à l’ANEF 63.

 

Peux-tu te présenter et nous parler de ton parcours ?

 

Je suis Nassime HERNOUN, j’ai 43 ans et je suis assistant social de formation.

J’ai été formé à l’école de Clermont-Ferrand, d’abord à l’EPSI puis à l’ISTRA, et j’ai obtenu mon diplôme en juillet 2007.

Mon tout premier poste était au Service Intégré d’Accueil et d’Orientation de l’ANEF 63, c’était mon tout premier contrat en tant que travailleur social. J’en ai gardé un excellent souvenir.

J’ai ensuite rejoint une autre association, toujours en tant qu’assistant social, où je suis resté 7 ans. Ce poste m’a permis de toucher à tout puisque j’ai fait de l’Accompagnement Logement Temporaire ; du Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale ; j’ai mis en place un centre d’accueil d’urgence de demandeurs d’asile, ce qui était une toute nouvelle expérience, et j’ai participé à la création et l’ouverture de la Maison Relais.

Au bout de 7 ans j’avais fait le tour, j’ai pu développer mon expérience professionnelle.

Puis j’ai été contacté par mon ancienne collègue de SIAO, elle m’a indiqué qu’il y avait un poste à pourvoir au Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale de l’ANEF 63. J’ai donc postulé et j’ai été pris en mars 2014, ce qui m’a permis de continuer dans l’accompagnement global et soutenu des personnes que l’on pouvait accueillir : régularisations administratives et mise en place des droits. J’ai également mis en place des activités collectives : un journal réalisé avec les résidents et l’activité sportive en partenariat avec le DAHLIR, avec deux collègues. J’ai ensuite quitté le CHRS et réintégré le SIAO afin de découvrir de nouvelles missions.

J’ai quitté une association pour intégrer l’ANEF 63, je m’y sens très bien, j’y ai trouvé un meilleur encadrement, plus d’écoute du salarié, de très bonnes conditions de travail, des équipes beaucoup plus importantes et donc une meilleure qualité de travail. C’était également intéressant pour moi de rejoindre une association dont je partage totalement les valeurs et qui m’a régulièrement fait confiance.

En dehors du poste que j’occupe dans le social, j’ai fait du suivi de mémoire d’assistants sociaux, du suivi d’étudiants à l’université en licence professionnelle Management Logement Social, mais je crois que cette filière n’a plus la même dénomination à l’heure actuelle. J’ai également géré le camping des Francofolies de La Rochelle pendant 5 ans, avec comme mission principale, en plus de la gestion du site, la prévention et la gestion des risques (alcool, drogues).

J’ai un DEUG d’histoire-géographie, car avant ma carrière dans le social, je me destinais à être professeur à l’Education Nationale. C’est la rencontre d’une amie, qui avait intégré la formation d’assistant social, qui m’en avait parlé.

J’avais une image très vague et caricaturale du domaine du social mais lorsqu’elle m’a parlé du cursus et du métier de travailleur social, plus précisément d’assistant social, je suis tombé amoureux de cette profession. Défendre l’intérêt et le droit des gens.

Je suis aussi militant associatif dans des associations antiracistes.

De plus, j’ai beaucoup été dans le sport. J’ai fait du basketball pendant plus de quinze ans, je suis un peu une figure locale du basket. Notre club a défrayé la chronique, il est celui qui est monté le plus vite en France et nous sommes inscrits dans les annales du basket français.

Avant la crise du Covid, j’étais d’ailleurs entraîneur de basket d’une équipe de jeunes.

 

Quel est ton métier au quotidien à l’ANEF 63 ?

 

Je travaille au Service Intégré d’Accompagnement et d’Orientation de l’ANEF 63.

Notre service gère toutes les demandes d’hébergement et de logement temporaire du département du Puy-de-Dôme. Nous sommes le service qui centralise toutes les demandes.

Mon travail au quotidien est d’évaluer les situations qui nous sont envoyées, d’essayer de repérer les difficultés qu’ont pu rencontrer les personnes dans l’accès à l’hébergement ou au logement, d’évaluer leur besoin en termes d’accompagnement social et de trouver en accord avec eux le dispositif le plus adapté à leur problématique actuelle.

J’insiste sur le fait que la personne doit être partie prenante car nous n’imposons rien aux gens, c’est un travail main dans la main. Nous essayons de repérer les difficultés pour que les personnes puissent les régler puis basculer vers une vie normale et un logement classique.

Une fois cette évaluation faite, nous présentons cette situation à une commission. Nous avons une commission chaque semaine : une fois une commission hébergement/insertion puis la fois d’après une commission logement temporaire. Notre rôle est de présenter l’histoire, le parcours, les difficultés et les potentialités des gens, car tout le monde a des potentialités et la capacité de reconstruire sa situation, et de faire une préconisation d’orientation. C’est l’ensemble de la commission qui valide ou non cette préconisation.

Dans notre département, nous avons la chance que notre travail soit reconnu. Notre expertise et nos évaluations sont très reconnues par l’ensemble de nos partenaires.

Notre métier consiste à suivre les personnes, les accompagner jusqu’à leur entrée dans un dispositif et lever les freins éventuels à leur orientation vers un logement (régularisations administratives, rappels pour leurs démarches administratives…). C’est aussi prendre le temps d’écouter leurs difficultés au quotidien.

Nos bureaux restent des lieux d’écoute et sont encore plus importants à l’heure actuelle avec le Covid et tout ce qu’on peut subir à cause des conséquences de cette crise sanitaire.

Nous essayons aussi de gérer au mieux le temps d’attente, qui peut être relativement long et une source de frustration, de tension et de conflit, car toutes les personnes que nous recevons sont dans l’urgence.

Nous mettons à jour toutes les informations dans les dossiers, nous échangeons avec nos différents partenaires et services instructeurs.

Ce qui me plait dans mon métier, c’est que nous accueillons une diversité de publics très importante car on accueille toutes les demandes d’hébergement et logement temporaire. Des « sans-abris », des réfugiés, en passant par des expulsions locatives, des personnes victimes de violences… Aucun entretien ne se ressemble.

Nous assurons également le suivi des personnes une fois entrées en structure, notamment s’il y a des soucis. En cas de difficulté de prise en charge, nous pouvons être amenés à faire des recadrages, des synthèses ou envisager des réorientations. Si un accompagnement ne va pas, alors nous essayons autre chose.

Et enfin, nous avons un rôle de veille sociale. C’est à dire repérer les problématiques. Par exemple, nous manquons actuellement de places CHRS. Nous avons une forte demande mais pas assez de places. Ou bien par exemple, grâce à notre protocole « Femmes victimes de violences » nous avons réussi à faire baisser le pourcentage de femmes victimes de violences et nous essayons de faire baisser le pourcentage de retours au domicile.

La finalité de nos missions c’est de permettre aux gens de réaccéder à un logement autonome.

Je tiens d’ailleurs à saluer l’excellent travail de l’ensemble de nos partenaires, car nous avons très peu d’échecs.

 

As-tu un souvenir marquant ou une anecdote marquante vécue à l’ANEF 63 ?

 

La mise en place du journal au Centre d’Hébergement et de Réinsertion Sociale de 2015 à 2016. C’était vraiment une belle expérience.

Avec un groupe de résidentes, nous produisions un journal chaque mois, où elles étaient entièrement maîtresses de tout et pouvaient aborder les sujets qu’elles voulaient.

Nous nous réunissions tous les jeudis après-midi, où chacune apportait les sujets qu’elle souhaitait traiter. Comme dans un comité de rédaction, il y avait un débat : « Le sujet est-il intéressant ? » « Etes-vous toutes prêtes à travailler dessus ? ». Une fois que chacune avait choisi un sujet, je leur demandais d’essayer d’en faire quelques lignes pour la semaine d’après, sans d’autres consignes, pour qu’elles se sentent libres et non contrôlées. Chaque semaine, elles apportaient donc le travail et se les corrigeaient entre elles. Mon rôle était de lire, de les aider à développer leurs idées et de les conseiller sur la manière d’aborder le sujet pour que le lecteur comprenne tout.

C’était important pour moi de mettre les personnes accompagnées au centre, je leur disais « c’est VOUS qui vivez au sein du CHRS et c’est important, pour casser les représentations, de parler de ce qu’il s’y passe au quotidien ». Ça a permis à toutes ces femmes de mettre en avant leurs passions, que ce soit en rapport avec le sport ou la cuisine. Par exemple, plusieurs femmes d’origine étrangère souhaitaient partager la culture culinaire de leur pays par des recettes. Il y avait aussi parfois des échanges autour de la politique, des sujets ou des faits de société qui leur semblaient importants.

La parole était totalement libre, j’étais uniquement là pour gérer le groupe et corriger les fautes. Je ne souhaitais pas retravailler leurs articles car c’étaient leurs paroles et cela leur appartient. Le but était qu’elles puissent s’exprimer.

Il y avait de nombreuses participantes, dont beaucoup d’entrées et de sorties, mais un noyau de 6 femmes s’est créé, avec lesquelles j’ai travaillé sur ce journal pendant presque 1 an.

Le journal était imprimé chaque mois et les exemplaires étaient distribuées au sein du CHRS, des autres services de l’ANEF 63, auprès de leurs proches, de nos partenaires, de leurs assistants sociaux…

Cette activité leur a permis de créer du lien entre elles et leur a permis de se découvrir. Dans la vie de tous les jours, elles se croisaient et se disaient bonjour au CHRS, mais elles n’échangeaient pas plus que ça.

Le journal était vraiment un moment où elles se sont découvertes. Elles ont pu confronter leurs expériences et se rendre compte qu’elles n’étaient pas seules à vivre des moments difficiles. Ça a créé de la solidarité, de l’entraide, et parfois l’une gardait les enfants de l’autre ou l’invitait à dîner chez elle, elles allaient faire les courses ensemble… Cela a permis de recréer du lien social au sein de centre.

En plus d’être un groupe de travail, elles apportaient toujours des petits gâteaux et du thé, c’était plus qu’un atelier journal, c’était un réel moment de convivialité.

J’en garde un très bon souvenir car c’était un temps d’échange très agréable, que je ne considérais quasiment plus comme du travail. J’étais content et fier de ces femmes car nous produisions chaque mois un journal.

Notre vie ne se résume pas qu’à nos problèmes. Tout le monde a des potentialités.

L’avantage de ces ateliers et que nous sommes tous dans un rapport égalitaire. Le travailleur social, moi en l’occurrence, était au même niveau que les dames. Nous nous asseyions autour d’une table ronde, ce qui est symboliquement important pour moi, car nous avons tous la même importance et nous avons tous du savoir.

C’était un réel travail de valorisation et un des rares moments où nous ne parlions pas de leurs difficultés.

Je leur disais « c’est un moment qui vous appartient, évadez-vous et pensez à autre chose ».

La plupart des hommes ne voulaient pas participer à l’atelier, c’était donc un des rares moments où ces femmes pensaient uniquement à elles. Leurs enfants étaient à l’école, ce qui permettait de remettre leur statut de femme en avant tout.

Elles sont d’abord femmes avant d’être mamans.

 

Propos recueillis en avril 2021. Merci à Nassime d’avoir pris le temps de répondre à nos questions !